4 juin 2022
Ma voisine de palier a sonné à ma porte pour me demander si ça ne me dérangeait pas qu'elle gare son déambulatoire sur le palier. Elle est âgée, vit seule depuis le décès de son frère qu'elle a accompagné jusqu'au bout comme on dit. Mais elle est seule sauf qu'une dame presque aussi âgée qu'elle, originaire d'Afrique du nord, vient quelques matinées par semaine pour l'aider dans son quotidien. Des plats préparées lui sont livrées tous les jours, par la mairie peut-être ou par un organisme, je ne sais. Laissés au pied de sa porte, on saura si elle n'y touche pas que quelque chose cloche. Comme un signal. Je la croise quelques fois dans l'ascenseur alors qu'elle va à la boite aux lettres. En robe de chambre, pantoufle, les épaules courbées comme une solitude avouée. C'est ma voisine de palier. Sur la photo, on voit le paillasson. Y.B ce sont les initiales de son frère. Yves B. J'ai toujours été dubitatif sur ce genre de truc... un paillasson avec ses initiales je veux dire. Essuyez vous les pieds sur mon nom... en signe de bienvenue, un bon vieux welcome. Un peu comme si j'écrivais mon nom sur la lunette des toilettes, un truc du genre. Avec la poésie des choses étranges et le trouble causé par des intentions loupées. En parlant de poésie, j'ai regardé ce matin une conférence sur le thème d' Adeline Baldacchino. https://www.youtube.com/watch?v=PQcUSNsYl3E intelligent, brillant, érudit... Elle, se défendant presque d'être légère au point que l'on puisse croire que la rime ne soit possible qu'entre poésie et élitisme... alors que bien sur la poésie est le contraire de l'intelligence. La poésie c'est de l'esprit dans un bol de soupe, de l'espoir jamais déçu, la preuve la plus belle que l'abandon des valeurs et des hypothèses est une victoire personnelle qui nous approche de l'humaine singularité. Ce déambulatoire sur le palier me parle un peu de ça. De la splendeur d'un corps qui finalement s'abime et de l'esprit qui entame correspondance avec les anges.